Comprendre le développement du sens de la VUE entre 1 et 10 ans et ses enjeux
Troubles de l’apprentissage futurs, et si c’était les écrans précoces ?
Dans cet article, je vais détailler l’évolution du sens de la VUE de 1 à 10 ans et quand les paliers d’apprentissages des différentes fonctions de l’œil se mettent en place ( l’acuité visuelle, la vision des couleurs, le relief, etc…).
Evolution de la Vision de 1 à 10 ans
À partir de 1 an
La vision à 3/10èmes est adaptée à la position debout. Avec cette acuité, cela lui suffit à voir tout ce qu’il y a dans la pièce où il se trouve et au début des déplacements.
Vers 18 mois
À 2,5 ans
S’il n’y a pas d’antécédents ophtalmologiques dans la famille ou chez les frères et sœurs, il est grand temps (si cela n’a pas encore été fait avant) de faire un bilan détaillé à titre systématique chez un ophtalmologiste. Le test de vision avec les petits dessins est maintenant accessible pour tester l’acuité visuelle centrale en 10èmes, par appariement avec des dessins imprimés si l’enfant ne parle pas encore.
À 2,5 ans, la vision de loin mesurée se situe entre 4-6/10.
Souvent les parents sont inquiets car ils croient que c’est un mauvais score. Ils sont d’autant plus surpris que l’enfant a l’air de tout voir comme il faut. Or cette vision est adaptée à ses besoins. Il n’a pas encore besoin d’avoir la vision nécessaire à conduire une voiture à 130km/h!
Eh oui, l’œil de l’enfant n’est pas un œil adulte miniature et il n’a pas besoin de voir le niveau de détail dont a besoin un adulte
Il a besoin de voir les obstacles devant lui car ses déplacements prennent de la vitesse.
La bonne perception de son environnement permet une bonne coordination de ses mouvements.
Il se reconnaît maintenant dans le miroir.
La consultation entre 2 et 2,5 ans est fondamentale
La participation
L’enfant a continué d’apprendre et a passé des paliers de maturation visuelle. Il est important maintenant de mesurer objectivement son acuité visuelle.
Pour que l’enfant participe bien et se concentre, une Association a créé un excellent livret pour expliquer le déroulement de la consultation y compris le test avec les gouttes pour mesurer avec précision le défaut visuel de chaque œil. Le guide (Association Sparadrap).
Les parents peuvent ainsi se préparer avec l’enfant pour que la consultation se passe dans de bonnes conditions. Il est fondamental que parents et enfant ne soient pas stressés par la visite et les nombreux appareils d’examen. La curiosité naturelle à cet âge facilite les choses.
Test binoculaire ou monoculaire ?
Le test avec les deux yeux ouverts (vision binoculaire) donne un meilleur score que chaque œil séparément. C’est le score de chaque œil qui doit être à 10/10, de loin comme de près.
Il est très important que l’enfant soit préparé à ce que l’ophtalmologiste (ou l’orthoptiste qui fait l’examen) lui cache un œil puis l’autre.
Cela déclenche parfois des réactions de peur et braque l’enfant qui ne veut plus rien déchiffrer. Un score de vision binoculaire est mieux que pas de score du tout.
L’enjeu, le dépistage de l’amblyopie
Si le test n’est pas possible en monoculaire (chaque œil séparément), il est impossible de savoir si les deux yeux ont appris à la même vitesse.
Parfois, un œil voit mieux que l’autre, en particulier si le défaut visuel de l’œil droit est différent de celui de l’œil gauche.
Il convient d’être très vigilant, de faire un examen complet même si les gouttes piquent, pour corriger le défaut visuel et permettre un développement visuel harmonieux.
Plus le dépistage est précoce, plus les amblyopies se rééduquent facilement.
La rééducation comprends des lunettes adaptées et/ou un cache oculaire quelques heures par jour.
Evolution de la Vision de 4 à 10 ans
Vers 4 ans, âge charnière pour la vision à 10/10
Enfin, ça y est, il voit 10/10 au test des “E” !
Le test des E est plus difficile que le test avec les dessins. Il ne s’agit plus de percevoir une forme globale simple, voiture ou maison par exemple, mais de différencier les barres foncées et claires du « E » et son orientation.
Si la vision était à 10/10 avec les dessins, il est fréquent qu’au test des „E“ de Snellen, la vision ne soit que de 8 ou 9/10. Cela ne veut pas dire que l’enfant a „perdu“ de la vision, mais juste que l’évaluation avec un test qui demande plus de précision à l’œil est plus difficile.
4,5 ans, dernier délai pour l’acquisition de 10/10
Si le test à 4 ans n’est pas concluant, on attendra quelques semaines avant de retester, mais les 10/10èmes doivent être acquis avec ce test à 4.5 ans au plus tard.
S’il existe un défaut visuel asymétrique, le risque d’amblyopie est accru, la vigilance importante, les examens de vue rapprochés et la correction lunette quasi-systématique.
Chaque œil doit être testé séparément
C’est très important de vérifier ces 10/10 pour chaque œil séparément afin d’être sûr du résultat.
En effet, quand la vision est inférieure à 10/10, il convient de différencier un problème de vision avec une faible participation/motivation de l’enfant.
Découverte tardivement, l’amblyopie se rééduque plus mal
L’enjeu des 4,5 ans, c’est une amblyopie passée à la trappe, surtout pour les enfants qui n’ont encore jamais eu de test de vision avant.
Si on ne dépiste pas à ce moment-là „un œil paresseux“ (amblyopie), la rééducation pour faire grimper la vision deviendra de plus en plus difficile et sera de plus en plus longue.
Chaque mois compte s’il y a besoin de stimuler un œil paresseux, avec lunettes et cache sur le „bon œil“.
4 ans : La vision des couleurs est complète
Le cerveau arrive à différencier toutes les nuances de couleurs à partir des trois couleurs de base que la rétine peut percevoir : rouge, vert, bleu.
Lorsqu’il y a un défaut de perception de la vision des couleurs (dyschromatopsie), le test de Ishi Hara peut le tester facilement et avec certitude à cet âge.
La dyschromatopsie la plus connue est le daltonisme (difficulté rouge/vert).
6-7 ans, âge charnière des l’apprentissage de la lecture et de l’écriture
10/10 au test de l’alphabet (test de Monoyer)
Apprentissage de la lecture et de l’écriture
Cette étape demandent une attention extrême à l’enfant pendant plusieurs années (CP-CE1-CE2=, tant au niveau de l’accommodation de l’œil pour voir net, que d’efforts pour acquérir la motricité fine de la main et des doigts.
Souvent, les yeux fatiguent par efforts d’hyperaccommodation! L’enfant se rapproche alors de son cahier, d’autant plus près que la crampe dans les yeux est forte.
Il suffit de regarder les cahiers des enfants pour y repérer les crampes d’accommodation.
Par exemple une écriture en accordéon sur une même ligne. Ou des pages écrites très gros et d’autres en micro-écriture.
Sur écran, c’est la même chose, éblouissement et lumière bleue en plus.
La période 7-10 ans
Les apprentissages demandent de plus en plus d’efforts et de précision visuelle à l’école. Les stratégies visuelles se mettent en place.
Elles nécessitent une bonne coordination des yeux et de leurs mouvements, en particulier des saccades visuelles efficaces. En effet, le regard a besoin de balayer en permanence (en saccades) la ligne écrite, pour déchiffrer les lettres, anticiper les suivantes et reconstituer les mots, et cela se fait par des saccades des yeux. Comme ce processus est musculaire, s’il est faible, il doit être entraîné.
Sur écran, c’est la même chose, éblouissement et lumière bleue en plus.
S’il existe des difficultés d’apprentissage de la lecture, un bilan orthoptique en plus du bilan avec un orthophonique du langage écrit est nécessaire.
L’orthophoniste rééduque entre autres le langage, l’orthoptiste les muscles oculaire.
Troubles spécifiques des apprentissages (TSA) et troubles de l’attention
C’est à l’école primaire que les troubles de l’apprentissage se manifestent ou se repèrent en fonction des habiletés demandées à l’enfant.
Lecture ⇒ Dyslexie
Orthographe ⇒ Dysorthographie
Langage oral ⇒ Dysphasie
Compétences logico-mathématiques ⇒ Dyscalculie
Gestes (praxies) ⇒ Dyspraxie
Écriture (graphisme uniquement) ⇒ Dysgraphie
Un enfant « DYS » deviendra un adulte « DYS »
La scolarisation des élèves en situation de handicap dans les établissements scolaires est en très nette hausse depuis 2006, passant de 100 000 élèves accueillis à plus de 320 000 en 2017 , 400000 en 2021. (chiffres de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’autonomie https://www.cnsa.fr/page-de-recherche/tous-les-types/scolarisation?sort=PERT )
Augmentation des « Dys », et si c’était lié aussi aux écrans ?
Le lien avec une exposition précoces et prolongée aux écrans commence a être documenté. Mais les adultes en sont-ils réellement informé.
Écrans, des troubles musculo-squelettiques futurs ?
À l’effort oculaire interne, et la quasi immobilité oculaire, se rajoutent les conséquences douloureuses sur le corps entier en raison de son immobilité prolongée dans une mauvaise position.
Les troubles musculo-squelettiques arriveront avec la répétition et seront d’autant plus importants si la croissance se fait dans une mauvaise posture. Le poids d’une tête penchée augmente drastiquement.
Conclusion
Bien connaître les étapes de développement de la vue permet :
De stimuler l’enfant selon son âge, de façon adaptée aux compétences à acquérir
De comprendre comment les écrans peuvent interférer avec les autres apprentissages
Le sens de la vue est le premier impacté par une utilisation exagérée des écrans, avec de plus en plus de prescription de lunettes en lien avec une sur-fatigabilité oculaire. Les effets d’une SUR-exposition aux écrans dépassent largement le cadre des yeux : sommeil, apprentissages, effets sur la psychée…
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